En cette période d’anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, il est encore plus important pour moi de vous transmettre l’histoire du camp de concentration nazi de Dora.
On estime que plus de 20.000 déportés sont morts à Dora, en travaillant dans des conditions inhumaines à la fabrication des V2 de Von Braun et son équipe. J’ai la chance que mon grand-père ait survécu. Et encore la chance qu’il m’ait raconté son histoire.
Quand j’étais lycéen, Dora n’apparaissait pas encore dans la liste des principaux camps nazis. Car depuis des décennies, certains avaient bien compris que ce camp risquait d’abîmer l’image de leurs nouveaux héros, l’ex SS-Sturmbannführer Wernher von Braun, en tête. C’est en effet lui qui dirigea le développement de la fusée Saturn V qui décolla le 16 juillet 1969, avec à son bord, Michael Collins, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Ces 2 derniers, après un voyage de 4 jours, allaient marcher sur la Lune, le 20 juillet, Collins restant en orbite autour de notre satellite naturel.
Il a fallu attendre la mort de von Braun et la retraite d’autres scientifiques pour que les recherches sur leur appartenance à la SS et leurs responsabilités dans l’univers concentrationnaire, soient avérés.
Dans ma BD KZ Dora, qui retrace le parcours durant la seconde guerre mondiale de 2 déportés (dont l’un a le parcours proche de celui de mon grand-père), de 2 SS gardiens de camp et d’un scientifique, ce dernier s’appelle Michael Mond. C’est un gros clin d’œil au futur que j’ai fait là, quand on sait que « Der Mond », en allemand, signifie « la Lune ».
Loin de moi l’idée de gâcher l’anniversaire de la grande aventure technologique et humaine qu’a été la conquête de la Lune, mais il faut transmettre cette sombre partie de l’histoire, par respect pour tous les morts et toutes les souffrances subies par les déportés de Dora et des autres kommandos liés à la construction des V2, et pour que nous continuons de nous interroger de manière plus générale sur la responsabilité du scientifique.